Le Swimrun des Gorges du Verdon c'était pas une mince affaire. Ne serait-ce que pour y aller... Le reste, c'était facileeeeeee.... PAS-DU-TOUT. 47km garnit d'enfer et de plaisir. De petites natations de 200m à des parties dignes d'une séance complète en bassin entrecoupées par des segments plus ou moins long de course à pied, Céline vous raconte cette aventure telle qu'elle l'a vécue.

Alors cette course ?

Heu quelle course ? Le SwimRun ou bien celle que pour se rendre dans le Verdon ?

Parce que c’est vrai que c’est pas la porte à côté.

À la base, j’avais prévu une semaine de vacances sur place en famille, mais les emplois du temps en ont décidé autrement.  

Mine de rien, ça change la donne. Pas tant le manque de groupies (même si je les aurais bien vu manger leur brioche au chocolat en nous regardant passer du haut de leur pédalo) que cette sensation d’avoir été chercher un plaisir égoïste (Un peu, comme quand tu te lèves le soir pour aller t’engloutir, un pot de glace ou une tablette de chocolat… Avec 1000 km de plus au compteur quand même !)

Mais du coup, ce qu’on veut savoir c’est comment s’est passée la vraie course ?!

Bref, la course.

On arrive donc la veille sous un beau soleil et une lourde chaleur. Seulement pour le lendemain c’est de la pluie qui est annoncée et on nous informe que l’eau est entre 10 et 14 degrés. Ça fait déjà un mois que je peine à prendre la décision sur l’équipement, moi qui crains le froid, et qui me dit que c’est la seule chose qui puisse me faire abandonner une course, je n’ai pas envie de prendre de risques.

J’opte finalement pour la cagoule et les chaussettes Goretex ; un peu épaisses, mais elles m’avaient déjà bien sauvé les orteils sur une portion VTT dantesque lors d'un Raid In France.

Note pour moi-même : Arrêter la chambre quand Nico égare, un truc…

La boulette...

Ma crainte, c’est qu’elle me gêne en course à pied, surtout dans les portions un peu techniques de montées ou descentes. Tellement obnubilée par cette option, je me rends compte, à 21h, en préparant les affaires de courses pour le lendemain, que j’ai oublié MES PLAQUETTES !!!!

J’ai envie de me cacher sous terre quand je l’annonce à Nico. D’autant plus que ça fait deux jours que je le taquine sur ces différentes étourderies : 2 départs de café/resto sans son téléphone resté à charger et une GoPro qui a failli rester sur la plage de Sainte-Croix. Ah ouais c’est pas un petit joueur le Nico !

Seulement lui, il a juste failli. Mais il a tout retrouvé.

Beau joueur il retourne au resto, retrouver la grande famille des SwimRunners encore nombreux autour des tables en cette veille de course. De mon côté, je tente ma chance dans les couloirs de l’hôtel. C’est lui qui gagne et reviens avec une belle paire de plaquettes que mes bras remercieront, peut-être un jour…

Merci Nico, tu m’as sauvée.. 

Le stress du départ...

C’est pas tout ça, mais il faut dormir maintenant, le réveil est prévu à 4h30. Demain, petit-déj’ 5h15, départ de course 6h00.

Dans les faits, on est encore au petit-déj’ à 5h45 mais comme on est sur le site de départ, on ne stresse pas vraiment. Reste à charger les affaires dans le camion et déposer les clés à la consigne et rejoindre la ligne de départ.

« Oh punaise, la longe ! On n'a pas pris la longe ! »

Retourner à la consigne, puis, au camion, et trouver cette pu**** de longe dans ce pu**** de bordel !

Ah non, en fait c’est vite fait, et on a même le temps de faire avec les copains le décompte de 10 à zéro avant le départ. On était laaaaaaaaaarge !

C'est partiiiii !!

Coup de feu du starter ! On part comme des ânes, bien trop rapidement. !Je crois que si un jour je dois faire un chrono, il faudra que je prévoie un coup de pistolet toutes les 10 minutes. Ça me met un coup de fouet à chaque fois, j’ai dû être bécasse dans une vie antérieure.

Alors on est parti, on essaie de se regarder à vue parce qu’il y a du monde (tous habillés, pareil en plus) et qu’il fait encore bien sombre.

« La vache ! J’ai chaud dans ma cagoule ». Mais bon, 1 km700, on arrive vite au bout, et à l’instant de vérité :  

Choc thermique, or not ?

Un sacré début de journée !

Je suis trop contente de mes choix Logistique, je sens la fraîcheur de l’eau autour de ma combi mais elle ne rentre pas directement en contact avec ma peau. C’est top. On a opté pour un top Néoprène sans manche sous la combi et c’est franchement pas mal car ça évite la circulation de l’eau.

Alors non seulement on n’y est bien dans l’eau mais en plus on y voit clair. Un joli bleu s’éclaircit en même temps que le jour se lève. Et on voit tout, ses appuis dans l’eau, les chaussures du Nico, et même les autres équipes dans un périmètre de 5 m. Un vrai plaisir !

Les 1700 premiers mètres passent comme on gobe un Flamby.

La pause de Nico...

On enchaîne sur la première vraie course à pied. Elle a un peu de dénivelé, un plateau en faux plat montant sur lequel on commence à s’attacher à quelques équipes qu’on tutoyait au long de la course.

Arrive un début de descente un peu technique avec un sentier un peu étroit et des arbres couchés. Puis ça s’élargit et ça devient roulant. Nico n’est pas dans son assiette et son bide le travail. L’heure matinale et les microlax n’y sont sûrement pas étrangers. Il part se repoudrer le nez dans les bois et je descends tranquillou parce que je sais qu’il n’aime pas que je commente ses choix de couleur de vernis. Là je vois pas mal d’équipes passer et je me dis que ça fera du bien au moral, de reprendre au train tout ce petit monde. 10 minutes passent. Bon là, ça commence à faire beaucoup. Il fait quoi Nico ? Il n’a plus de papier toilette et cherche un lapin blanc ?

Ça y est ! Le voilà ! « T’as mes plaquettes ? »  « Oui, oui ! » « Ça va mieux ? » « Mouais, non je quiq vraiment pas bien... »

Le début du Grand Trail :

On enchaîne les petites nat et les CAP qui nous rapproche du trail et des Gorges. Tout va bien, Nico me longe à chaque nat ce qui m’évite de m’orienter et accessoirement de perdre de la distance. Ça y est c’est parti pour le Grand trail. Le dénivelé se fait désirer. On avait cru voir un accès direct au sommet mais on enchaîne des montées / descentes avant d’attaquer le gros dossier. On ne s’affole pas, on est accompagné par d’autres équipes, ça discute. Je vois bien que Nico est derrière, mais il taille le bout de gras, alors je monte à mon rythme au son de la compagnie Créole chantonnée par une autre équipe.

On a défait le haut de la combi depuis un moment. Ça grimpe dur, mais c’est magnifique, on passe par de la forêt, des falaises escarpées, des dômes de roche. C’est Grand. C’est Beau.

Arrivé en haut, je prends le temps de manger et j’entends dire qu’on n'est pas vraiment au bout de l’Ascension.

Un ravito et ça repart !

Quand Nico me rejoint, je lui donne l’info, et là je comprends que ce n’est pas le grand kiff de son côté. Je fais quelques poussettes pour le soulager, mais il est chafouin, préoccupé par son « for intérieur ».

Un peu plus tard, tout va mieux. On est dans la descente, il a retrouvé ses jambes et son envie. Un peu de technique dans les roches rendues glissantes, du sous-bois, ça occupe. Pour finir du goudron assez plaisant car cela permet de dérouler la foulée. J’hésite à tout lâcher quand même parce qu’il nous en reste justement de la route… Et pas que...

Petit ravito avant de terminer la descente et rejoindre les 10° tant redoutés des Gorges du Verdon. Là, faut avouer qu’on a envie de planter la tente, les gens sont sympas, et on a tellement la dalle que je pense qu’on nous aurait offert des tripes ou des œufs couvés, qu’on n'aurait pas dit non.

On s’éternise et il commence à faire froid alors on ré enfile la Combi. Enfin on essaie. Hélas, je comprends que Nico n’était pas à la recherche d’un lapin blanc tout à l’heure, dans la forêt, mais qu’il devait regretter de ne pas avoir pris option contorsionniste au bac : remettre le haut d'une combinaison mouillée, c'est compliqué ; quand en plus il faut remettre le bas, ça doit être encore une autre niveau. Pauvre garçon, il a dû y passer su temps.

L’entrée dans les Gorges

Ça y est, on touche au défi ultime. On s’était clairement dit qu’une fois sorti des gorges, la course serait gagnée (erreur de jeune premier !)

Mais bon, là, dans nos têtes, sous la cagoule Néoprène, on est prêt.

Les bénévoles nous donnent le rythme, ils ont sûrement froid aussi et nous réchauffent avec leur sono et leur bonne humeur. On se met à l’eau en osmose avec les équipes qu’on a côtoyé jusqu’à présent. Wahouuuuu ! Il y a un courant favorable de ouf ! On va vite être sorti de ce 1400 m.

Mince, le courant s’estompe assez vite, mais au moins il nous aide à partir, et la magie du site fait le reste. Un dégradé de bleu, tirant des berges jusqu’aux abysses desquelles je vois surgir des créatures marines aujourd’hui disparues.

Une natation inoubliable

En respirant côté gauche, la hauteur des falaises est impressionnante, et laisse aussi libre cours à l’imagination. Pour avoir échangé avec les autres coureurs, c’est vraiment la section natation inoubliable et c’est aussi exactement pour ça que l’on s’inscrit sur ce genre d’épreuve. On n'irait jamais faire une distance pareille dans un endroit aussi hostile sans avoir posé sa signature quelque part.

Avec un tel décor, la section natation passe finalement très vite, même si on a du mal à se remettre debout pour sortir de l’eau. Mais il faut vite se remettre en action parce que les muscles se raidissent avec le froid. Heureusement la soupe n’est pas loin et elle est salvatrice. Je tends ma flasque à deux reprises et ce petit confort me fait le plus grand bien.

Mais il faut vite reprendre la route avant de ne plus pouvoir maîtriser ses tremblements. Nico est frais comme un gardon (dans tous les sens du terme du coup) et il reprend même les mauvais aiguillages de quelques équipes.  

Il anticipe aussi…

On en voit le bout !

On approche de la fin, mais il commence a se demander si le plus dur est vraiment passé. Il ne nous reste que des petites portions natation. En tous cas, c’est ce qu’on a vu sur le papier avant de partir. Seulement entre chaque petite portion de Natation, il n’y a aussi que des petites portions de course à pied. Très bien ! Où est le problème ? 

Ben, le souci c’est que t’es bien content de te réchauffer en courant un peu avant de te remettre dans l’eau et là ce n’est pas 400 + 400 + 800 + 300 qui s’annonce, mais bien un quasi 2000 m dans une eau à 14°, avec une jauge d’énergie proche de zéro. 

Bah oui, les portions de 400/600 m à pied, c’est bien beau pour se plaindre et hurler de froid, mais ça ne fait pas remonter la température corporelle.  

C’est le déchirement à chaque fois qu’il faut se remettre à l’eau.  

Nico en a ras-le-bol. Moi pas mieux. 

On a qu’une envie, c’est d’en finir. Peu importe la technique de nage, l’important c’est de rester en mouvement et que les bras tournent le plus vite possible.

Dernière ligne droite !

L’avant-dernière section de 800 m me fait vraiment peur, je me dis que ce serait trop bête de devoir mettre un coup de sifflet pour qu’on vienne me sortir de l’eau comme un cétacés inerte. Je me dis aussi, qu’il est super loin ce bateau de sécu, et j’ai un peu les jetons. Je me concentre sur la longe. Heureusement, la course se fait en binôme, et ça, ça me rassure…. Grave. 

« put*** de bor*** de mer**, ça y est. On sort, enfin de cette put*** de salo***** de dernière grosse section de nat à la c** » 

C’est du gâteau maintenant, un petit, 300 m pas impressionnant du tout, et on remonte de la plage vers la ligne d’arrivée. Tiens, un petit tour de l’église avant de franchir la ligne. J’en profite pour me confesser : « Nico, j’en ai tellement plein le c**, j’crois qu’j’vais chialer en passant la ligne ».

Oui, je suis pleine de poésie en général, mais ça s’accentue avec la fatigue. 

Bah vous savez quoi, comme cette satanée course, j’ai tenu ma promesse, et j’ai versé ma petite larme, dans les bras du Nico, qui n’en menait pas beaucoup plus large. 

Céline, championne à plein temps

Le sport habite Céline depuis qu'elle a 6 ans. Elle goûte à tous les efforts : tennis, natation, triathlon au niveau national (D1), Trail, Raid aventure, et depuis 2019, le Triathlon Xterra (Championne du Monde 2019 dans la catégorie des 40-44 ans).

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